Humanisme pur

Mes besoins, ma proposition

Comment je suis heureux

Ce qui m'est nécessaire pour être heureux :
1) la satisfaction d'un certain nombre de besoins primaires : manger à ma faim, ne pas avoir trop froid etc.
2) quelques plaisirs faciles à satisfaire : la proximité de la nature, des rapports humains pas trop conflictuels et un peu de calme de temps en temps...
3) une certaine façon d'être et d'envisager les choses.

Le troisième point correspond à ce que l'on pourrait appeler une sagesse. Si je puis me permettre de résumer cette dernière en deux mots, ça donnerait : autonomie et amour. L'autonomie protégeant de la souffrance (morale), l'amour apportant sens et joie durable.
Afin de penser efficacement, il importe de donner aux mots un sens simple et précis.
Par " amour ", j'entends ici un sentiment agréable portant à vivre en harmonie avec son environnement, et en particulier, à rendre autrui heureux. Par autonomie j'entends l'absence de dépendances. Par dépendance, j'entends un lien à une situation qui fait que l'on souffre si cette situation est absente. Il est question ici de souffrance morale.
Pourquoi sommes-nous éventuellement contrariés, frustrés, peinés, apeurés etc. sinon parce que nous sommes dépendants d'une situation donnée ?

Il est clair que je suis physiquement dépendant à la présence d'oxygène dans l'air, par exemple… par contre, je suis libre d'être ou de ne pas être moralement dépendant à quoi que ce soit. Il me suffit d'agir sur mon propre esprit. Cela peut prendre un peu de temps, mais ça marche.
C'est en tout cas ce que j'ai constaté pour moi-même.

Le désir et l'amour sont souvent amalgamés avec la dépendance (en particulier à cause du mot " attachement "). Or, je peux très bien désirer quelque chose sans pour autant souffrir de la non-réalisation de cette chose.
Si certains " désirs " sont motivés par la réalisation d'une situation dont on est dépendant (et supposent donc une souffrance), d'autres ne sont pas ainsi. C'est le cas du désir d'agir dans une direction donnée (et non pas d'atteindre un résultat donné). Je refuserai toujours de faire ce qui ne va pas dans le sens de mon désir, mais cela ne signifie pas que je sois dépendant à quoi que ce soit…
Ainsi, ce que j'ai appelé plus haut l'amour, me porte à agir dans une direction donnée, rien de plus…

Par ailleurs, puisque aimer m'est agréable en soi, je ne vois pas de raison de ne pas aimer tout le monde. Aimer autrui ne signifie pas forcément apprécier ce qu'il fait, le fréquenter ou le laisser faire ce qu'il souhaite (cas d'un dangereux criminel, par exemple !)
Ce qui empêche certains d'aimer tout le monde est sans doute le ressentiment, qui découle d'une dépendance à quelque chose… (sans parler de l'amalgame entre aimer et apprécier, bien sûr).

Comment j'aime

L'amour porte à rendre autrui heureux. Mais comment rendre autrui heureux ?
Tout ce que je peux faire c'est lui faire partager ce qui me rend heureux, pour le cas où cela marcherait également pour lui.
C'est d'ailleurs ce que je viens de faire…

Je constate que la plupart des gens sont malheureux pour les mêmes raisons que je l'étais moi-même avant d'évoluer vers plus de sagesse. Je constate que cette sagesse a également été exprimée par d'autres. J'en déduis donc que je ne suis pas un extra-terrestre, que l'immense majorité des êtres humains est susceptible de devenir plus autonome et universellement aimante, qu'il suffit à chacun d'une prise de conscience, d'une petite évolution mentale…
Partager ce qui me rend heureux me semble donc utile...

Aimer porte également à vivre en harmonie avec son environnement, à respecter et préserver.

Ce que je constate

Or, je constate une pollution et une destruction globale des ressources naturelles, pouvant entraîner assez rapidement la disparition de l'espèce humaine et de bien d'autres.. Je constate beaucoup d'insécurité, d'injustice, d'oppression, de division, de violence…
Je désire donc agir dans le sens d'une réduction de tout cela.

Je vois autour de moi des êtres humains consommant toujours plus d'énergie et de matières premières afin de jouir de toujours plus de choses divertissantes, agréables ou rares. Ils semblent souvent considérer cela comme un moyen d'être heureux, et comme quelque chose de positif au moyen de termes séduisants comme " croissance ", " développement ", " richesse ", " réussite " ou " niveau de vie "…
Les ressources naturelles n'étant pas illimitées, cela entraîne logiquement la destruction de ces dernières ne fût-ce que sur le long terme.

Je constate également que la compétition découlant de cet appétit insatiable de consommation et d'appropriation entraîne beaucoup de conflits, d'insécurité, de violence, de méfiance…

Certes, cela a une origine psychologique évidente. Celui qui n'a pas réalisé la possibilité de maîtriser son esprit tend naturellement à consommer toujours plus (puisque c'est seulement ainsi qu'il cherche à se satisfaire)… C'est d'ailleurs bien ce qu'ont toujours fait ceux qui en avaient les moyens (à l'exception de quelques sages)…
Mais cela a aussi une origine économique : l'organisation de la production et de la consommation dans une société influence l'attitude des individus. Examinons par exemple le concept d'appropriation.

Un peu d'économie

Dans la " jungle ", l'appropriation est l'exclusion violente d'autrui de la jouissance d'un bien. Dans les sociétés humaines (ou la propriété privée existe), c'est l'acquisition d'un droit de propriété. Le droit de propriété sur un bien est la souveraineté d'une personne sur tout ce qui concerne l'usage de ce bien.
C'est en quelque sorte une organisation de type monarchique où les royaumes, au lieu de s'étendre sur des régions, s'étendent sur des objets (ce qui est simplement plus général). On peut tout aussi bien imaginer une organisation plus " démocratique ", où les décisions (concernant l'usage d'un bien) pourraient nécessiter un vote de plusieurs personnes, par exemple.
Les propriétaires sont généralement attachés à ce droit comme tout despote est attaché à son pouvoir ou s'identifie à ses possessions… Ils le seraient moins si au lieu de se focaliser sur leurs biens (actuels ou potentiels), ils se focalisaient sur tous les autres biens, dont ils pourraient jouir plus facilement s'ils n'étaient pas la propriété d'autrui…
L'appropriation existe dans le monde animal, où elle découle tout naturellement de la volonté de satisfaire un désir en empêchant par la force une éventuelle concurrence. Elle est toutefois éphémère. De plus, elle tend à disparaître chez les animaux véritablement sociaux. Au sein d'une fourmilière, par exemple, elle n'aurait aucun sens.

Dans une économie où existe la propriété privée, tout le monde est naturellement tenté d'être propriétaire du plus de choses possible (ne serait-ce que pour s'assurer une certaine sécurité).
Dans les systèmes dits " capitalistes ", certains biens " privés " permettent d'en produire d'autres, et surtout, les possessions peuvent se louer (y compris la monnaie !) Il en résulte que plus on possède de biens, plus on peut facilement s'enrichir. Si, de plus, la propriété privée est héréditaire, des inégalités importantes se forment et s'accroissent indéfiniment.
A l'origine, tout homme naissait au sein d'une tribu disposant d'un territoire assurant la subsistance de ses membres. Mais à cause du capitalisme, de plus en plus d'hommes naissent sans disposer des moyens de se nourrir et doivent donc les obtenir en travaillant au service d'autres hommes, qui en disposent (la terre, les usines etc.)
Le progrès technique permettant de produire toujours plus avec de moins en moins de main d'œuvre, ceux qui doivent travailler au service d'autres sont de moins en moins assurés de trouver de quoi vivre, et/ou doivent accepter de travailler de plus en plus dur en étant de moins en moins payés (par le jeu de l'offre et de la demande).
Certes, cette conséquence de l'augmentation de la productivité peut être atténuée par une augmentation de la production, ceux qui le peuvent jouissant de plus en plus de richesses. C'est d'ailleurs ce qui se produit et explique la crise écologique planétaire. Mais cela n'a aucune raison d'éliminer la précarité que nous venons d'évoquer (l'évolution de la production et de la productivité sont ce qu'elles sont)…

Dieu merci, la plupart des pays ne sont pas le lieu d'un capitalisme pur. Les Etats interviennent généralement pour en limiter les travers, au moyen de l'impôt et des œuvres sociales. Mais leur influence est limitée, de sorte que les effets que nous venons de décrire s'observent bel et bien à l'échelle planétaire…
A l'heure où les progrès de la science permettraient largement d'assurer des conditions de vie décentes pour tous, un tier des êtres humains manque de nourriture * (deux milliards). Partout dans le monde règne l'insécurité découlant de la concurrence pour s'approprier des richesses (guerres, délinquance, chomage, conflits sociaux, querelles de voisinage, de famille etc.)

Ce que je propose

Pourtant, rien ne nous empêche de nous organiser autrement. C'est juste une affaire de volonté, de désir, de conscience, d'ouverture d'esprit. Sommes-nous suffisamment nombreux à désirer un monde plus juste et surtout… plus durable ?

Les pro-capitalistes argumentent généralement que l'homme a fondamentalement besoin de s'approprier.
Ils invoquent parfois quelques expériences ratées, comme entraînant une impossibilité, sans même prendre la peine d'examiner les raisons précises de ces échecs. Or, toute découverte se fait au prix d'efforts de recherche, d'expérimentations multiples. Si les aventuriers de l'aviation avaient abandonné au cinquième essai… L'amalgame de toute alternative radicale avec les pires dictatures s'avère également un procédé très efficace pour empêcher les masses de sortir du système, et surtout, de construire autre chose.
Pour ma part, je n'ai pas la présomption de savoir ce dont " l'homme " a fondamentalement besoin, tout ce que je sais est que je n'ai pas envie de m'approprier quoi que ce soit… J'ai juste besoin d'avoir de quoi manger et respirer, et envie de travailler à un monde plus harmonieux.
Je pense que cela découle d'une certaine façon d'être accessible à la plupart des êtres humains.
Donc, je me dis qu'on devrait pouvoir être un certain nombre dans ce cas…

Mettre en oeuvre une révolution économique à grande échelle est quelque peu téméraire, hasardeux. Par contre, rien ne nous empêche d'expérimenter localement une économie de partage démocratique. Ensuite, elle pourrait se généraliser progressivement, sans violence et sans risque. Ceux auxquels la logique de compétition ne convient pas pourraient enfin exprimer pleinement leurs talents. Existe-t-il, aujourd'hui, une aventure plus utile que celle-là ?

Pour exprimer rationnellement mon amour autonome, je vois donc deux priorités :
1) Répandre plus de sagesse en expliquant et en témoignant.
2) Développer une économie plus fraternelle.
Ces deux choses sont liées dans la mesure où plus de sagesse rendrait particulièrement viable et enviable une économie plus fraternelle, et où une économie plus fraternelle entretiendrait plus de sagesse.

Bien sûr, je suis réaliste. Je me doute bien que la plupart des gens sont trop absorbés par d'autres désirs plus immédiats, par le travail nécessaire pour s'approprier. Ils n'ont " pas le temps ". Pas le temps de mettre en œuvre le discernement nécessaire pour déterminer par eux-même ce qui leur convient le mieux. Ils sont par conséquent la proie de la manipulation, gouvernés par la peur et les idées reçues. Ceux-là ne prendront pas la peine de réfléchir et de communiquer.
Mais il n'est pas nécessaire d'être nombreux pour commencer la révolution de l'amour et de l'intelligence… De plus, si l'on n'est pas dépendant d'un résultat, on est à l'abri du désespoir, plus rien ne s'oppose à l'action…

Pour développer une économie plus fraternelle, il est nécessaire de se rassembler, puis d'élaborer ensemble notre alternative, ou pourquoi pas plusieurs…

DP
Amopie

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