Humanisme pur

L'humanisme pur

Nommer sa philosophie permet de mieux la faire connaître. Toute appellation est imparfaite... Cela ne doit pas en faire une idéologie intolérante, comme tant d'autres qui se terminent en « isme » . L'important, c'est la cohérence, la paix et le bonheur, pas la façon d'y accéder. Plus il y a de voies y conduisant, plus de personnes pourront en jouir...
Voici donc une voie qui me satisfait.

Une véritable philosophie

L’humanisme pur est une philosophie, mais soyons clairs : par philosophie, je n’entends pas une quelconque doctrine métaphysique. Il ne s'agit pas de savoir si Dieu existe, si la réalité est illusoire, s’il existe un bien transcendant. Pour moi, ce genre de préoccupation est parfaitement vaine. J’appelle philosophie, une façon d'être impliquant forcément une façon de vivre. En ce sens tout le monde suit une philosophie, qu’il le veuille ou non.
Il n'est pas question de philosopher avec la langue, mais bien avec les bras, pas de philosopher lorsque c’est l’heure, mais bien à chaque instant.

Une autonomie

L’humanisme pur répond au besoin de donner un sens à sa vie. Mais il n’est pas question d’idolâtrer quoi que ce soit, pas plus l’homme qu’autre chose, ni de se référer à quelque absolu. C'est une philosophie pour ceux qui ne peuvent décider de croire à un conte de fée, ni même à quoi que ce soit, dans la mesure où la croyance serait une certitude et donc, une aliénation de ma liberté d’évoluer. C’est une philosophie de l’absurde : je fais ce que je ressens, je ne cherche pas un sens à l’extérieur de moi, car j’en ai dépassé le besoin et relativisé la signification. Cela vaut pour le sens implicite en vertu duquel il faudrait « profiter de la vie ».
Ce qui importe pour moi est d’avoir une direction dans laquelle agir, conférant une certaine cohérence à mes entreprises, me procurant assurance et sérénité sur le plan intellectuel. Pour cela, il n’est pas nécessaire de croire en quoi que ce soit. Il suffit de s’écouter et de réfléchir.

Un sens à sa vie

Comment trouver cette cohérence ? Il suffit de se donner un objectif, et de ramener à celui-ci tout ce que l’on fait. Il ne s’agit pas nécessairement de l’atteindre, mais d’œuvrer de son mieux dans sa direction.
Que cet objectif soit ambitieux n’est aucunement un handicap puisqu’il suffit de « faire ce que l’on peut ». C’est au contraire une bonne chose, car s’il est trop facilement atteint, que faire après ? La motivation aura disparu, et le problème du manque de sens à l’échelle de sa vie n’aura pas été résolu.
Par ailleurs, il n’est pas possible de se donner n’importe quel objectif. Celui-ci doit être suffisamment motivant, humainement crédible. Se consacrer à compter les étoiles, pourrait devenir un peu lassant à la longue. Satisfaire des ambitions personnelles ou limitées à une chapelle implique inéluctablement de se battre avec ses semblables et ne laisse rien de vraiment positif au-delà de soi-même.

Un humanisme

Le sens qui semble s’imposer à quiconque réfléchit sérieusement à la question (ce qui implique de s’observer sans s’imposer quoi que ce soit) consiste à œuvrer en direction d’une plus grande harmonie.
C’est vraisemblablement la nature sociale de notre espèce qui s’exprime là, qui nous pousse à soulager celui qui souffre, à agir avec d’autres dans la même direction. On préfère l’amitié à l’inimitié. Il se trouve que le comportement « sociable » apporte certains avantages matériels : plus d’efficacité dans le travail, moins de guerres etc. Mais ce ne sont pas ces raisons, qui me décident à être ainsi; le comportement altruiste est ici l’expression immédiate de ma nature profonde. Cet altruisme est la motivation ultime, il n’est pas le résultat d’un calcul égoïste.

L’objectif souverain que je me donne est d’œuvrer pour le maximum de bonheur du maximum de personnes. Telle est ma philosophie, l’humanisme pur. C’est clair, simple, satisfaisant à la fois pour l’esprit et pour le cœur. L’humanisme pur repose sur un sentiment immédiat de compassion, d’amour, de solidarité, qui lui assure force et stabilité. Il ne s’appuie sur aucune théorie intellectuelle.

Une attention de chaque instant

Ne nous méprenons pas. Presque tout le monde est d’accord avec cette noble orientation. Presque tout le monde est en faveur de la paix, de l’abolition de la misère, et du respect de l’environnement. Mais pratiquement personne n’applique la philosophie humaniste dont je viens de parler. Car pour « tout le monde », il s’agit d’une simple sensibilité, de quelques élans de générosité, de temps en temps, de sages résolutions que l’on met en avant… dans le discours. Les hommes ont plein d’autres préoccupations. Ils agissent les trois quarts du temps sous l'influence de désirs immédiats ou de pressions morales plus ou moins inconscients, variables au grès des humeurs et des circonstances. Bref, leur vie n’a pas véritablement le sens et la cohérence envisagés plus haut. Voilà pourquoi la guerre perdure tandis que tout le monde veut la paix, pourquoi l’environnement se détériore alors que tout le monde ne demande qu’à le respecter. Ces problèmes sont la conséquence des autres désirs…
L’humanisme ne suffit pas.

L’humanisme pur consiste à se demander à chaque fois que l’on fait quelque chose, si cette chose est la meilleure que l’on puisse faire pour le plus grand bien du plus grand nombre. Et, évidemment, à en tirer les conclusions dans ses actes.
Une décision n’est jamais parfaite, on peut se tromper sur le plan technique. En pratique, cette orientation est relativement approximative. Cependant, l'essentiel des problèmes que nous connaissons ne résulte pas de telles erreurs ou approximations mais bien d’une certaine immaturité « philoso­phique »...
Pour y remédier, il est nécessaire d'accroître sa vie consciente, au détriment des morales arbitraires et des pulsions immédiates. Ce travail est source de richesse et de bien-être intérieurs. Il développe la personnalité.

Une éthique pour aujourd’hui

Le monde est tel qu’il est parce que la plupart des hommes, pris dans leurs soucis quotidiens, n'ont pas fait ce travail. Ils restent obnubilés par leur perspective égocentrique. Ils s’imaginent qu’une telle philosophie est difficile à mettre en oeuvre, voire qu’elle nécessite d’être parfait.
C’est sans doute là une illusion d’origine culturelle. Il n’est pas nécessaire d’être parfait pour être humaniste pur, cela ne nécessite aucun sacrifice. Il est évident, par exemple, que pour être plus efficace dans son action, il est préférable d’être en bonne santé, et qu’il faudra donc prendre soin de cette dernière. Il est évident que je ne peux aider tout le monde à la fois, qu’il est rationnel de commencer par ses proches. Ainsi, tout ce que je fais s’ordonne et forme un tout cohérent.

A la différence d’une morale traditionnelle, une telle philosophie est l’expression même de la liberté de l’individu. C’est d’ailleurs ce qui pourrait la rendre plus efficace, sur tous les plans.
Notons également, qu’à la différence des religions et autres éthiques, l’humanisme pur, n’affiche pas l’humanisme (faire le « bien ») comme l’une de ses caractéristiques. Il s’y limite. Ce qui pourrait faire la différence… à condition que l’on n’en fasse pas un étendard de plus, mais que l’on se contente de l’appliquer !

Un espoir pour le futur

Reste à passer à la pratique. A se poser la question de ce que l’on peut faire de mieux pour un monde meilleur. La réponse à cette question dépend de chacun, et demeure ouverte. Il y a vraisemblablement un grand nombre de façons d’agir. Le choix particulier ne relève plus de l’humanisme pur. Il n’est plus une question philosophique mais « politique » (au sens large).

Disons toutefois, que le respect des différences, de la liberté individuelle semble une condition incontournable pour un humanisme effectif. De même qu’une réflexion objective, sereine et approfondie sur le fonctionnement de la société.
Disons également que l'humanisme pur offre en soi un espoir formidable. En effet, la majeure partie des problèmes auxquels nous avons à faire face découlent de l'étroitesse des ambitions individuelles, laquelle entraîne aussi bien les conflits de tous ordres, la criminalité, l'accroissement des inégalités que la destruction de l'environnement.
Or les humanistes purs placent au-dessus de tout le reste l’intérêt le plus général, privilégient toujours la coopération. S’ils disposent d’un minimum d’intelligence et d’ouverture d’esprit, ils ne peuvent donc que s’entendre et œuvrer de concert. D’où leur force… d'où l'espoir...

Mais l'humaniste pur ne vit pas dans l'espoir d'un monde futur. Il jouit du présent, même si c’est en oeuvrant pour un avenir meilleur. Il sait que la clef de son bonheur est en lui-même, et il l'a déjà utilisée.

DP (2001)

Pour des développements plus récents, lire : l'harmonisme rationnel.

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