Que faire de ma vie ?
Je pourrais parcourir le monde en me posant cette question. En ne me la posant pas.
Mais comment y répondre ?
La vie a-t-elle un sens, qui vaille qu’on y souscrive ?
Trouver un boulot intéressant, une âme sœur, une maison ; voir mes enfants grandir, mourir, pourquoi ? Me divertir ? pourquoi ?
Sonder les insondables confins de l’univers, créer tout et n’importe quoi ? en espérant trouver un jour, ce que personne n’a jamais approché ? volonté de savoir ? ou d’oublier ?
Non, ce que je cherche ne peut être qu’en moi, et doit pourvoir être saisi simplement.
Mais, au fond, qu’est-ce que je cherche, qu’est-ce que je veux vraiment ?
Le désir m’habite, pour tout et n’importe quoi.
Et si c’était lui, la source de mes problèmes ?
Dois-je me libérer de tout désir ? Mais qu’y a-t-il au-delà, sinon le néant ?
Il importe de t’en tenir au seul désir qui vaille pour l’esprit lucide :
le désir de bonheur et de sérénité, qui s’éteindra de lui-même dans sa réalisation.
Il me devient de plus en plus clair que la seule source de mon insatisfaction, c’est moi-même.
Je pourrais fort bien me satisfaire de tout ce qui m’advient. Ainsi parviendrais-je à la sérénité.
Mais rester là, sans rien faire, satisfait de son propre contentement… alors que le monde croule sous les problèmes ? Laisser les autres à leurs misères ?
Certes, tu pourrais cultiver l’indifférence, en théorie. Mais ce n’est pas nécessaire. Car l’ouverture aux choses du monde n’est pas en soi une source de souffrance. Ou plutôt, tout dépend comment elle se fait. Tu peux compatir sans souffrir, penser et agir sans impatience. Ainsi, la misère du monde ne t’est plus un poids, mais, bien au contraire, une nourriture, au sens où elle participe de ton être. Cette solidarité n’engendre pas la souffrance mais apporte à la vie, de la saveur, à ce qui ne serait qu’une morne mort à soi-même. Tu deviens la vie en te fondant en elle.
C’est par l’expérience de l’harmonie avec le monde, que tu te réalises. C’est en ne faisant qu’un avec lui. Affectivement, s’entend !
Ce bonheur est contagieux, prolifique. Il est porteur de sens, de cohérence et de pérennité.
Mais alors, pourquoi tant de malheurs en ce monde ?
Parce que le bonheur est enchaîné au fond d’une cave !
Il est en chaque homme, et l’homme ne le voit pas.
Car, il est masqué, étouffé derrière autre chose.
Cette autre chose, c’est le petit intérêt de l’instant, ou l’intérêt de l’intérêt, qui est creux à l’intérieur.
Cette chose, c’est la peur de perdre ce que l’on a, la peur de ne plus être ce que l’on est. La peur n’existe que pour elle-même, et parce que l’homme l’ignore, n’en voyant que l’objet, la peur règne sur lui. Et il se prive de naître en craignant de mourir.
Cette chose, c’est l’enchaînement aux idées reçues, qui entrave l’exercice de l’intelligence.
Que faire de ma vie ? car la question demeure.
Comment vivre ce bonheur ? Comment vivre en harmonie avec le monde, avec les autres, la nature ?
Puisque c’est à cela que j’aspire au fond de moi.
Peut-on vivre en harmonie avec n’importe qui ? Avec des brigands ?
Il faut garder les pieds sur terre. Certes, il s'agit d'être en harmonie avec tout le monde, de par l’esprit, de par tes intentions. Mais il ne s’agit pas de se transformer en agneau. Car la bergerie est remplie de loups. La défense contre le loup doit être un moyen pour faire le bien de ce dernier, à long terme. Car comment l’aider s’il t’a mangé ?
Il ne faut pas confondre la bienveillance et la naïveté. Cette confusion fréquente tient lieu d’épouvantail pour mieux enferrer dans l’égoïsme et le repli sur soi. Le don de soi n’est pas un sacrifice gratuit et irréfléchi. Le don de soi, c’est se donner un objectif ambitieux et les moyens qui vont avec. Pas n'importe quel objectif.
Pourquoi l’intelligence ne serait-elle qu’au service d’une pensée étriquée et égoïste ? Le manque d’égoïsme ou d’esprit de domination passe d'ordinaire pour de la stupidité. Mais l’intelligence c’est aussi la détermination de son véritable intérêt, pas seulement la concrétisation du premier intérêt venu. Évidemment, ceux qui sont peu avancés dans cette démarche, voient l’intelligence manquer là où elle est peut-être mieux appliquée.
Ton intérêt, c’est évidemment la conformité avec ta nature profonde.
Aujourd’hui il est impossible de vivre en harmonie avec beaucoup de monde. Car l’égoïsme règne. Si tu ne te défends pas, tu te fais « manger », et si tu te fais manger, tu n’as plus le pouvoir d’agir pour le bien de tous…
Dans la logique économique actuelle, il faut d’abord être égoïste pour pouvoir être altruiste. Mais comme les habitudes se forment rapidement, on le reste… a moins que l’humanisme ne soit suffisamment solide, mais cela nécessite du temps pour l’approfondir...
En outre, celui qui a consacré plus de temps à défendre des intérêts personnels a plus de pouvoir. Car le pouvoir, est essentiellement le pouvoir d’achat… pas celui des urnes.
Ainsi, ceux qui ont les moyens de leurs ambitions (l'argent) ne partagent précisément pas la philosophie susceptible de les inspirer dans une direction humaniste. De plus, les autres ne pensent guère qu’aux richesses matérielles qui leur manquent, car tout est axé là-dessus.
Je pourrais faire fortune, puis une fois que je serais riche, j’utiliserais mes richesses pour favoriser l’avènement d’un monde meilleur.
Tu oublies une chose. Tu ne peux le faire seul. Aucun milliardaire ne peut changer le monde à lui seul.
Tout au plus pourrais-tu t’installer comme despote éclairé. Mais comment t’assurer que tes successeurs, ou simplement, tes subordonnés, aient la valeur morale adéquate.
De plus, tu ne pourvoiras jamais qu’à une moindre misère matérielle du plus grand nombre, pas à leur bonheur, qui ne peut résulter que d’un travail sur soi-même, non de conditions matérielles.
Comment faire un monde meilleur ?
Pour un monde vraiment meilleur, un véritable humanisme doit pénétrer suffisamment de monde. Ensuite, ils pourront s’organiser selon une économie plus en accord avec leur philosophie, et surtout, plus favorable à sa manifestation y compris chez les autres. Une économie susceptible d'assurer une vie meilleure au plus grand nombre et la survie de notre espèce...
DP (2001)N'hésitez pas à me faire part de vos réactions, suggestions, interrogations, difficultés etc., ainsi que des fautes ou problèmes techniques que vous auriez rencontrés...
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