Humanisme pur

On est ce qu'on fait

Cette petite phrase, je viens de la  retrouver en parcourant, avec la délectation que l’on imagine, l’excellent bouquin d’Ernie Zélinski « l’art de ne pas travailler ».
Je cite.

« Dans son pamphlet, “abolish work, workers of the world :relax ! ”, Bob Black tente de secouer notre torpeur : on est ce qu’on fait écrit-il. si l’on s’adonne à un travail monotone, stupide ou ennuyeux, il y a de grandes chances que l’on devienne à son tour monotone, stupide et ennuyeux.
Si vous êtes attaché à votre carrière, quitter un boulot même médiocre ne sera pas facile. Peut-être l’argent vous manque, et le temps de rechercher un autre emploi. Cependant, si vous avez la moindre opportunité de quitter un boulot ennuyeux et déshumanisant, il faut le faire maintenant, pour votre santé et pour votre avenir. Faire trop de concessions pour conserver votre travail vous conduira tout droit à l’ennui (et à être ennuyeux). »

Dans un autre passage, il nous rappelle la teneur d’un sketch de George Carlin :

« Depuis que nous sommes tout petits, on nous donne des choses et on nous apprend à aimer les choses.
Si bien qu'en grandissant, nous voulons toujours plus de choses.
Nous demandons sans cesse de l'argent de poche à nos parents pour pouvoir acheter des choses.
Puis, quand nous avons l'âge, nous prenons un travail pour acheter des choses.
Nous faisons l'acquisition d'une maison pour y mettre nos choses.
Bien sûr, il nous faut une voiture pour trimballer nos choses.
Comme bientôt nous avons trop de choses, notre maison devient trop petite. Nous achetons donc une maison plus grande.
Mais alors nous n'avons plus assez de choses, donc nous rachetons des choses.
Puis, il nous faut une voiture neuve, car la première est usée à force de trimballer nos choses.
Et ainsi de suite. Mais nous n'avons jamais assez de choses. »

Aristote écrivait déjà : Tous les travaux rémunérés absorbent et amoindrissent l'esprit »…

On remarque au passage le sens profond de cette petite phrase… qui devrait d’ailleurs plutôt être, à mon humble avis : « on devient ce qu’on fait ». Que devient, celui qui prend ? que deviens celui qui donne ?...

Cela nous renvoie à cette pensée de Paul Bourget : Il faut vivre comme on pense, sinon, tôt ou tard, on finit par penser comme on a vécu.
L’idée est que si nous pouvons influencer le monde, nous sommes également influencés par lui. D’où le projet suivant : l’influencer pour qu’il nous influence dans le sens où nous l’avons influencé.
C’est toute la supériorité d’un projet de « mode de vie », d’une économie réellement nouvelle, sur la simple action humanitaire. A l’heure de l’urgence écologique, de la menace nucléaire, pouvons nous nous contenter de nous donner bonne conscience ? Est-il envisageable que tout le monde se mette à se comporter de façon parfaitement éthique dans le cadre de l’organisation économique actuelle ?
Où est l’utopie, là… ?

L’idée d’Amopie, c’est cela : créer un environnement dans le sens d’autres valeurs. Car, comme le disait Confucius : Celui qui plante la vertu ne doit pas oublier de l'arroser souvent. » et tant qu’à faire : installons un goutte à goutte…
Et je suppose que vous connaissez tous la parabole du vieux Cherokee… ? Non ?

là où est ton trésor, là aussi est ton cœur, aurait dit un autre faiseur de paraboles...
Dans cette économie centrée sur l’argent et la propriété, deviendrait-on ce que l’on a ? Deviendrait-on des choses, des objets ? Dans ce monde dédié à la chose, cette « société de consommation », cette économie où les autres sont pour nous des moyens, des objets, donc, dans ce monde où même les fêtes sont dédiées aux objet (à travers le rituel du « cadeau » )… deviendrait-on ce que nous avons ?

Et bien sûr, à ce stade, difficile de faire l’impasse sur le psychanalyste Eric Fromm, et son excellent ouvrage, dont le titre se passe de commentaire : « être ou avoir ». Faut-il choisir ?

Nous autres, êtres humains, avons un désir d'être inhérent et profondément enraciné: exprimer nos facultés, être actifs, être en relation avec les autres, s'échapper de la prison de l'égoïsme. La véracité de cette affirmation est appuyée par tant de preuves que celles-ci rempliraient facilement tout un volume. D. 0. Hebb a formulé le fond de la question sous sa forme la plus générale en disant que l'unique problème de comportement est d'expliquer l'inactivité et non pas l'activité »

Ah, la « prison de l’égoïsme »… dont Martin Luther King, nous suggéra une porte de sortie Un individu n’a pas commencé à vivre tant qu’il ne s’est pas élevé au-dessus du confinement étroit de ses préoccupations individualistes vers les préoccupations plus larges de toute l’humanité »

Si vous vous méfiez des pasteurs, alors écoutez un anarchiste individualiste (dans le bon sens du terme) Il n'est pas d'erreur plus fatale que de perdre sa vie à la gagner » Henry David Thoreau. Ou l’aviateur Antoine de Saint-Exupéry : Ce pour quoi tu acceptes de mourir, c'est cela seul dont tu peux vivre.
Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve. »
Et devenez ce que vous êtes…

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