Humanisme pur

Guérir

Je viens de déguster le best seller de David Servan-Schreiber (psychiatre et chercheur en neuro-sciences) "Guérir le stress, l'anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse". Je recommande ce livre, aujourd'hui en version "pocket" et donc bien moins cher, à tout le monde
Tout d'abord, j'y ai découvert (avec un ravissement non-dissimulé) les bases scientifiques de ma "philosophie" ! Vous vous rappelez ? L'amour et la raison... Le sentiment, l'émotionnel qui donnent le sens général et l'énergie, la logique et la connaissance qui permettent de naviguer sans encombre en direction de la terre promise. Le moteur et le gouvernail. Le fait que l'absurdité du monde n'est pas un problème parce que ce n'est pas au monde, qui est de l'ordre de la connaissance, de donner un sens à notre vie. En bref: pas besoin de Dieu, l'amour suffit...
Je cite :

Sans émotions, la vie n'a pas de sens. Qu'est-ce qui donne du sel à notre existence sinon l'amour, la beauté, la justice, la vérité, la dignité, l'honneur, et les gratifications qu'ils nous apportent ? Ces sentiments et les émotions qui les accompagnent sont comme des boussoles qui nous guident à chaque pas. Nous cherchons toujours à avancer vers plus d'amour, plus de beauté, plus de justice, et à nous éloigner de leurs opposés. Privés des émotions, nous perdons nos repères les plus fondamentaux et devenons incapables de choisir en fonction de ce qui nous importe véritablement "
" D'un autre côté, les émotions livrées à elles-mêmes ne font pas non plus une vie de rêve. Elles doivent impérativement être modulées par l'analyse rationnelle dont est chargé le cerveau cognitif, car toute décision prise à chaud peut mettre en danger l'équilibre complexe de nos relations avec autrui. Sans concentration, sans réflexion, sans planification, nous sommes ballottés par les aléas du plaisir et de la frustration. Si nous devenons incapables de contrôler notre existence, celle-ci perd aussi rapidement son sens. "

L'explication scientifique : Nous avons deux "cerveaux" le système limbique, au centre de l'encéphale, à l'origine des émotions, que nous partageons avec tous nos cousins les animaux ; et le néocortex, à la périphérie, siège de l'intellect, plus particulièrement développé chez les mammifères et surtout l'homme.
Or, j'explique depuis des années, à qui veut bien m'entendre, contre le vent et la marée des idées reçues, que sentiment et raison ne s'opposent pas mais doivent s'harmoniser, par l'élaboration d'une éthique comme le félicitisme, par exemple. Et voilà que je lis :

Les différentes formes de compétition nous rendent malheureux. A l'inverse lorsque le cerveau cognitif et le cerveau émotionnel se complètent, l'un pour donner une direction à ce que nous voulons vivre (l'émotionnel), et l'autre pour nous faire avancer dans cette voie le plus intelligemment possible (le cognitif), nous ressentons une harmonie intérieure -un " je suis") ou "je veux être dans ma vie" - qui sous-tend toutes les expériences durables de bien-être. "

Cette théorie explique même les disfonctionnement psychologiques à l'origine de l'opposition apparente entre raison et émotion...
Il arrive en effet que certaines émotions fortes empêchent le contrôle par le néocortex. Nous sommes alors ramenés à un comportement animal moins... efficace pour un bien-être durable.

Voici par exemple, ce qu'indiquent les expériences du "love lab" menées par le Dr Gottman:

" Un mot, un minuscule rictus de mépris ou de dégoût -à peine visible par l'observateur suffisent pour provoquer une accélération du rythme cardiaque chez celui à qui ils sont destinés. (..) Le problème est qu'une fois le cerveau émotionnel mis en alerte de cette façon, il supprime complètement la capacité du cerveau cognitif à raisonner rationnellement : comme nous l'avons vu, le cortex préfrontal se trouve débranché. (...) une fois qu'ils (les hommes) sont noyés par les émotions, ils ne pensent plus qu'en terme de défense et d'attaque. Ils ne cherchent plus à trouver une solution ou une réponse qui calmerait la situation. "
DSS

Notez comme le disfonctionnement dans le contrôle nous fait revenir à ce fonctionnement animal primitif qu'est la compétition... Le fonctionnement instinctif (émanant du cerveau émotionnel) se réduit à une stratégie grossière: la fuite ou l'attaque (flight or fight), la passivité ou l'agressivité, ceux qui fuient les problèmes et ceux qui vous "rentrent dans le lard" sans chercher à comprendre. Ce fonctionnement est un peu léger pour assurer une vie communautaire harmonieuse... ;-)
L'assertivité (ancêtre de la CNV) apparaît comme une troisième voie salutaires à cette triste alternative entre la passivité et l'agressivité.
Le problème me dira-t-on est "comment ne pas se laisser submerger par l'émotion ?" (afin que le contrôle ne soit pas mis hors service...)
Le cerveau émotionnel est fortement relié au corps. Or, il existe des techniques "psycho-corporelles", pour atteindre ou conserver un état réellement serein. Par exemple: pratiquer la relaxation, dont les effets sur la fréquence cardiaque sont visibles sur un oscilloscope. On atteint ainsi ce que DSS appelle la "cohérence cardiaque", état bénéfique à tous points de vue.
Des séances de yoga pour Amopie ? ;-)
J'ai eu l'occasion de parler ici (il y a quelques mois) de traits de personnalité se caractérisant par des réactions disproportionnées à certaines situations.
Là encore, il s'agit d'un disfonctionnement de la relation entre les deux "cerveaux". Il s'agit de traces du passé, d'une mémorisation directe par le système limbique non gérée par le néocortex (un atavisme, quoi !)
" Que ce soit en raison de l'intensité du traumatisme ou de la situation de fragilité de la victime, un évènement douloureux devient alors "traumatisant" au sens propre du terme. Selon la théorie de l'EMDR, au lieu d'être digérée, l'information concernant le traumatisme se voit alors bloquées dans le système nerveux, gravée dans sa forme initiale. Les images, les pensées, les sons, les odeurs, les émotions, les sensations corporelles et les convictions que l'on a tirées sur soi ("je ne peux rien faire, je vais être abandonné") sont alors stockés dans un réeau de neurones qui mène sa propre vie. Ancré dans le cerveau émotionnel, déconnecté des connaissances rationnelles, ce réseau devient un paquet d'information non traitée et dysfonctionnelle que le moindre rappel du traumatisme initial suffit à réactiver ".
Même si l'on a pleinement conscience que l'émotion est injustifiée, elle est là, malgrè tout... Cette prise de conscience est alors un premier pas, mais reste insuffisante...
La pathologie dont il est question ici est l'ESPT (état de stress post-traumatique). L'EMDR (eyes mouvement desensitysation and reprocessing) est une technique psycho-corporelle simple et étonnamment efficace découverte par hasard par l'américaine Francine Shapiro.

DSS mentionne un certain nombre de techniques pour guérir de l'anxiété et de la dépression, illustrées par des exemples frappants. Hormis la cohérence cardiaque et l'EMDR, on y trouve l'acupuncture, l'aube artificielle, les oméga 3, mais aussi le sport et... la CNV !!!
Il cite le cas d'une jeune fille qui commencait à sombrer dans la dépression, sauvée grâce au... jogging ! (à pratiquer progressivement, à son rythme, et ça deviens vite un plaisir...)
Des séances de gym pour Amopie ?
DSS propose enfin des relations harmonieuses avec son entourage, le contact avec d'autres êtres vivants. Une simple plante d'appartement, et l'on se sent mieux ! Il est allé jusqu'à prescrire des animaux de compagnie, mais... scientifiquement établie ou non, l'idée que la relation affective est en soi une intervention physiologique comparable à un médicament n'a tout simplement pas encore fait son chemin en médecine . Le problème de ces remèdes tellement naturels et efficaces : ça ne fait rien vendre...
Et au-delà, du simple contact avec autrui, il rappelle l'importance de la... compassion. Il cite mère térésa : ne cherchez pas des actions spectaculaires, l'important c'est que vous donniez de vous-même. Ce qui compte, c'est le degré de compassion que vous mettez dans vos gestes . Puis Abraham Maslow : La meilleure manière de devenir un meilleur serviteur des autres est de devenir soi-même une meilleure personne. Mais pour devenir une meilleure personne, il est nécessaire de servir les autres. Il est donc possible, obligatoire même, de faire les deux simultanément.

Il n'y a pas l'ombre d'un doute: le mode de vie amopien est idéal pour la santé ! ;-)
Cette lecture m'a fait médité sur la double liaison entre le corps et l'esprit : l'état de notre mental influence notre corps (maladies psychosomatiques) et réciproquement, l'état du corps influence notre mental (la pratique d'un exercice physique peut avoir un effet euphorisant, l'absence de certains nutriments (oméga 3) est source de dépression etc.)
Donc, prenons soin des deux !
De même, si le travail sur son esprit permet de devenir une meilleure personne, apte à agir positivement sur son environnement, l'environnement nous conditionne également. D'où l'idée d'agir sur son environnement pour qu'il agisse sur nous en retour, et créer ainsi un cercle vertueux.
D'où l'idée de créer des Amopies...

N'hésitez pas à me faire part de vos réactions, suggestions, interrogations, difficultés etc., ainsi que des fautes ou problèmes techniques que vous auriez rencontrés...

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