Economie :
Ensemble des règles d'organisation du travail et de la
consommation au sein d'une collectivité humaine.
Solidaire :
(à propos de personnes : )
sens n°1 Qui est lié à une ou plusieurs autres personnes par des intérêts
communs, des responsabilités communes.
sens n°2 Qui a conscience d'un devoir moral de soutien et d'assistance morale et
matérielle à quelqu'un ou à un groupe dans le besoin; qui met en acte cette
aide, ce soutien.
(à propos de choses : )
sens n°3 Qui se trouve dans un rapport d'étroite dépendance réciproque ou de
causalité avec une autre chose.
Vu qu'une économie n'est pas une personne et qu'il n'est pas précisé de
qui et de quoi elle est solidaire, en toute rigueur, l'expression "
économie solidaire " n'a pas de sens.
Logiquement, elle peut toutefois être entendue de deux façons :
Soit une économie par laquelle les personnes sont solidaires au sens n° 1 :
liées par des intérêts découlant de l'économie, soit une économie qui
incite à la solidarité au sens n°2.
Le premier sens correspondrait typiquement à une économie de type communiste : les biens sont communs, et donc, si quelqu'un les valorise ou les détruit, c'est toute la communauté qui en bénéficie ou en pâtit (et non pas seulement lui-même). Les intérêts y sont communs et les gens y sont donc solidaires (au sens 1)!
Le second sens correspondrait à une économie qui favorise la solidarité.
Pour le distinguer du premier, on peut parler d'économie fraternelle.
Une économie est un mode d'organisation. Quel mode d'organisation peut
favoriser une attitude solidaire (ou fraternelle) ?
On peut penser que c'est le cas d'une prise en commun des décisions (économiques), d'un fonctionnement transparent, d'une sécurité sociale
(libérant de la peur pour soi), de tout ce qui incite à coopérer avec le
plus grand nombre (et pas seulement quelques associés)…
Symétriquement, on peut parler d'économies anti-solidaires. Une économie
qui favoriserait l'insécurité individuelle, la compétition, la
sur-consommation serait typiquement anti-solidaire.
Une économie basée sur la négociation commerciale est plutôt
anti-solidaire. Certes, les deux parties trouvent un intérêt à l'échange,
mais il ne s'agit là que d'un intérêt strictement égoïste (et non pas
d'une attitude fraternelle...) Et les deux parties, du fait de leurs
intérêts égoïstes sont tentés de négocier chacun à leur avantage, qui
est opposé à celui de l'autre. Même si ce n'est pas leur volonté, ni même
leur attitude, une telle règle économique les y invite concrètement, et on
peut comprendre qu'humainement elle y parvienne souvent…
Le sentiment de solidarité ne dépend pas, loin s'en faut, que de
l'économie, il peut avoir une origine culturelle ou génétique.
Une économie solidaire n'est pas, a priori, un lieu dans lequel les personnes
ont une attitude solidaire. Dans ce cas, on ne peut pas parler d'économie,
mais seulement de comportement… " solidaire ".
Ainsi, du fait d'une solidarité d'origine culturelle ou génétique, il peut
y avoir de la solidarité en des lieux où règnent une économie
anti-solidaire.
C'est ce que l'on observe avec le commerce équitable ou les entreprises
d'insertion. Des entrepreneurs (au sens large) y décident de ne pas sur-exploiter
leurs clients,
fournisseurs ou employés, voire de les aider, et peuvent donc fort justement
être qualifiés de solidaires (dans le sens 2).Ces initiatives s'inscrivent
cependant dans le cadre du capitalisme sans rien changer à celui-ci et ne
constituent donc nullement une économie alternative ! Il s'agit
d'alternatives comportementales ou éthiques, dans le cadre d'une économie
anti-solidaire !
Les système d'échange locaux (SELs) peuvent être considérés comme une économie alternative et solidaire dans la mesure où généralement, il n'est pas possible de prêter des sels (la monnaie) avec intérêt... Cela reste cependant une économie capitaliste de marché (propriété privée des moyens de production avec libre échange). C'est clairement une alternative légère (peu de changements) et faiblement solidaire (en tant qu'organisation) même si leurs initiateurs ont généralement des motivations "solidaires"... (recréer des liens sociaux, redonner une dignité à certains…) L'absence de taxe sur les transactions (fuite fiscale...) en fait même un système encore plus "libéral" que le dominant…
On peut s'interroger sur l'abondance et la mode actuelle de ces " économies alternatives et solidaires " qui, dans le meilleur des cas ne sont que faiblement alternatives, et ont toutes en commun de s'inscrire dans le cadre du capitalisme libéral…
Nous pensons quant à nous, qu'il serait souhaitable de développer une
véritable "économie solidaire" : une organisation sociale qui
favorise la solidarité (en plus de la culture et de l'éthique).
Ce serait
typiquement une économie sans argent ni propriété privée (radicalement
alternative donc !) Cette communauté de propriété incitant à se sentir
responsable et respectueux de la totalité de la planète et de ses habitants,
ou, du moins, à l'être de fait ! Ce serait une économie solidaire dans les
deux sens du terme...
Personne ne serait tenté d'exploiter qui que ce soit, personne ne serait tenté de sacrifier l'avenir de l'espèce à son
profit immédiat. La volonté d'œuvrer dans le sens du bien-être de tous n'y
serait pas contrariée par une nécessité de rentabilité ou de survie
immédiate, ni parasitée par des intérêts privés…
Les hommes n'y seraient plus solidaires malgré l'économie, mais avec
l'économie…
Une économie ucratique serait clairement solidaire !
Grâce à une telle organisation, la pauvreté serait automatiquement éradiquée
(puisque ce serait l'objectif de chacun), de même que l'environnement serait
clairement préservé.
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