Humanisme pur

Élections présidentielles : Faut-il voter, et si oui, pour qui ?

Le texte est (approximativement) celui des vidéos. Il y en a deux, une pour chaque partie.

Des raisons de s'abstenir ?

introduction

Une petite, vidéo, là, inspirée par l’actualité… C’est actuellement, en France, l’élection présidentielle, et nous sommes même entre les deux tours, à l’heure où je parle.
D’où la question : « faut-il voter ? Et si oui, pour qui ? » Évidemment, il ne s’agit pas pour moi, de vous dire pour qui voter, mais comment se conduire rationnellement en la circonstance.
Le fil directeur de cette chaîne (de ces vidéos), est ,en effet, l’application de la démarche rationnelle à la vie quotidienne, et, plus généralement, dans des domaines où elle est, selon moi, insuffisamment pratiquée, comme, par exemple, en politique.
Ce qui inclut la dénonciation des paralogismes, c’est-à-dire des raisonnements foireux, pouvant nous porter préjudice. Ainsi que de la manipulation, laquelle exploite le manque de rationalité.

Pour ce qui concerne la politique, ma position est un peu particulière puisque je suis pour la mise en place d’un système très différent de l’actuel… plus démocratique en particulier. Il s’agit de l’ucratie. Et je vous renvoie à la vidéo que j’ai faite à ce sujet pour ceux qui veulent en savoir plus.

Démocratie représentative ?

Et donc, je ne cautionne pas, je dénonce ce qu’on appelle la démocratie représentative.
Et même j’en récuse l’appellation… Car premièrement ce n’est pas une démocratie, puisque ce n’est pas le peuple qui décide des lois, mais un petit nombre de personnes (les députés par exemple). Petit nombre se dit « oligo » en grec, ce pourquoi il serait plus juste de parler d’oligarchie.
ET deuxièmement, qu’est-ce que cela signifie concrètement de dire que ces gens sont nos « représentants »… rien ! Si ça signifiait quelque chose, ce pourrait être qu’ils votent pour les lois que je souhaite… mais ce n’est pas le cas, c’est eux qui décident, pas moi, même si j’ai peu contribuer à leur élection. Ce qualificatif « représentative » est fallacieux, en ce qu’il laisse entendre que quelque part on voterait les lois *à travers eux*. Illusion verbale. Manipulation, donc...

Ce pourquoi, j’appellerais plutôt le système politique actuelle, l’oligarchie élective.
C’est important pour favoriser une vision juste des choses, la rationalité, d’utiliser des mots adaptés, et je vous invite à faire comme moi, parce que c’est aussi ça, faire de la politique autrement…

Cautionner le système ?

Vu que je suis pour un système différent, meilleur, (l’ucratie, en l’occurrence), et que je ne cautionne pas ce système, je pourrais être tenté par un argument que j’entends souvent, en faveur de l’abstention : « je ne vote pas car ce serait cautionner ce système »...

Mais ça veut dire quoi, là encore : « cautionner le système »… concrètement ? Vous voyez… on est encore dans une réalité illusoire car purement verbale. Ou alors, si ça signifie quelque chose, ce pourrait être que en votant, on contribue à accroître le taux de participation à l’élection (ça oui, c’est indiscutable), et que des gens (on ne sait pas trop qui, d’ailleurs) verraient ce taux comme le pourcentage de gens qui soutiennent ce système, qui souhaitent le conserver…. Mais ce serait là une interprétation stupide de leur part. N’importe quel analyste politique sait qu’il y a plusieurs facteurs qui peuvent contribuer au taux de participation, comme, par exemple, une préférence pour un des candidats, cela n’indique en rien que les gens ayant voté sont en faveur de la conservation de l’oligarchie élective. Pour savoir cela, il faudrait faire un sondage où on leur poserait la question « souhaitez-vous conserver l’oligarchie élective en état », et *là, on aurait la réponse…
On a donc là un paralogisme, qui réside dans une sorte d’interprétation hâtive, stupide de la part d’on ne sait trop qui…
Donc, non, en votant, je ne cautionne pas le système, puisque le taux de participation aux élections n’est pas un critère d’adhésion au système. Il peut y avoir plein de raisons de voter et l’on ne peut présumer de celles-ci à priori.

Souvent, ces abstentionnistes ajoutent que si personne n’allait voter, le « système » ne pourrait pas continuer, les « autorités » s’inquiéteraient enfin. En tout cas, personne ne serait élu. Sauf que pour que cela advienne, il faudrait que vraiment personne ne vote. Or, on est très loin d’une adhésion aussi unanime à un tel boycott. C’est pour le coup, une éventualité totalement irréaliste : vu qu’il y aura toujours un pourcentage non négligeable de gens qui iront voter, cette méthode est totalement improductive.
Si l’on est, mettons, 80 % à vouloir un autre système, ou à rejeter violemment l’ensemble des candidats à une élection, sortons dans la rue, faisons une grève générale, occupons les institutions, ou proposons un nouveau gouvernement mandaté pour changer les choses… ce sera plus efficace.

Voter positif ?

Une raison analogue souvent invoquée pour s’abstenir concerne le cas où aucun des candidats ne nous emballe vraiment. Certains pourraient d’ailleurs arguer ici, qu’ils ne se sentent *représentés par aucun candidats…
Or, précisément, comme nous l’avons vu, ce ne sont *pas nos représentants… On voit ici un effet pervers de l’appellation fallacieuse « démocratie représentative »… Ce sont seulement nos gouvernants… Et on a juste la possibilité de choisir, dans une liste, celui qui nous semble le meilleur ou moins mauvais….

Mais même sans parler de « représentation », certains refusent de voter négativement, un vote devant être selon eux « positif », d’adhésion.
Mais ça sort d’où ça, qu’un vote devrait être ceci ou cela. Le vote n’est pas une oeuvre artistique ?
Il s’agit d’une décision sérieuse, pouvant avoir des conséquences importantes pour tout le monde.
Or, dans la vie, il arrive souvent que l’on n’ai pas autant de choix qu’on le voudrait, qu’il y ait des contraintes, et l’on doit parfois choisir entre deux choses désagréables. On ne vit pas au paradis, mais sur terre… Et donc, l’attitude rationnelle, adulte, consiste alors à choisir la chose la moins mauvaise, en attendant mieux, ou si vous préférez, à faire le choix qui nous laisse le plus d’espoir de parvenir à du mieux ultérieurement.

Donc, oui, voter rationnellement, ce peut être souvent, (et là, inutile de vous dire que c’est bien le cas pour moi, présentement), de voter pour le moins mauvais. Fuir un choix désagréable relève de la lâcheté, objectivement… ou disons que ça ne correspond pas généralement à notre propre intérêt à long terme.

Des médias déterminants ?

Un autre argument alimentant l’abstention consiste à dire que les grands médias, par leur influence, déterminent le résultat du vote. Et donc, à quoi bon se fatiguer…
Sauf que, si, bien sûr, les grands médias ont une influence, ils n’influencent le résultat du vote que par notre intermédiaire. Ce n’est pas eux qui mettent le bulletin dans l’urne. Leur influence, certes importante, je ne suis pas naïf sur ce point, n’est pas absolue, ce serait nier notre liberté que de prétendre cela.
Surtout cette prédiction est auto-réalisatrice. Car ceux qui tiennent ce discours sont précisément ceux qui voteraient différemment de ce que souhaitent les grands médias. Si donc, ils ne vont pas voter, c’est sûr que c’est bien ce que les grands médias souhaitent, qui va sortir des urnes…
Or, les scores sont souvent serrés tandis que les gens critiques, face aux grands médias sont très nombreux… Si donc, ils allaient tous voter…

On a là un raisonnement pervers en ce qu’il anticipe sur une réalité statistique (après l’avoir caricaturée) en en influençant la cause. Et ça, ce genre de rétroaction, ça peut conduire à des résultat aberrants, non conforme à ce que l’on souhaite, à l’intérêt général.

Prendre en compte les sondages ?

C’est pareil avec ceux qui prennent en compte le résultat des sondages dans leur choix.

Par exemple, celui qui aurait une préférence molle, qui estimerait un candidat comme le moins mauvais, tout en étant peu emballé par lui, s’il voit un sondage qui le donne en tête, risque de se dire : c’est pas la peine que je me déplace… Mais si tous ceux qui sont dans son cas font de même, sachant qu’ils sont souvent nombreux… ça pourrait bien amener le plus mauvais candidat au pouvoir.
Donc, pour que ce soit le meilleur candidat, il faudrait ne pas tenir compte des sondages…

Se contenter d'agir autrement ?

Beaucoup d’abstentionnistes se justifient en disant qu’ils agissent autrement pour améliorer la société, qu’il y a d’autres façons bien plus efficaces de faire de la politique.
Je suis d’accord sur ce dernier point. Et comme vous le savez, j’agis autrement. En concevant et en promouvant une autre organisation de la société. Donc, je rappelle, allez voir ma vidéo « qu’est-ce que l’ucratie ? »… et engagez vous !
Mais agir ainsi, autrement, n’empêche pas de faire autre chose. Enfin, si, plus exactement : notre temps sur terre étant limité, on n’est obligé de faire des choix, entre les actions qui prennent du temps.
Mais voter ne prend pas de temps, ou alors c’est négligeable. Ça prend, disons, quelques heures, histoire de bien choisir le candidat qui nous semble être le meilleur. Mais ça, c’est négligeable. Donc, là encore, cet argument ne tient pas. Certes, c’est bien d’agir autrement, aussi, et j’encourage tout le monde à le faire (je viens même de vous suggérer une possibilité…), mais ça n’empêche nullement de voter.
Plus on agit, surtout par différents biais, mieux sait. Et voter est une façon d’agir, peu coûteuse en temps, donc, pourquoi s’en priver.

Il y a toutefois des cas, où je suis favorable à l’abstention, car non, je ne suis pas un pro-vote primaire. Et je vais dénoncer maintenant quelques

Des gens se sont battus pour !

On entend souvent : «  faut voter parce qu’il y en a qui se sont battus pour ça ».
Donc, si des gens se sont battus pour un truc débile (et c’est sûr que plein des gens se sont battus pour des trucs débiles), qui s’avérerait néfaste, faudrait-il soutenir ce truc ? Sous prétexte que des gens se seraient battus pour ? Complètement débile !

C'est un devoir civique !

Mais il y a pire : « faut voter parce que c’est un devoir citoyen ». Zéro arguments. On est dans le moralisme pur. Certains vont même jusqu’à dire : « votez n’importe quoi, mais votez ».
Et là, je ne suis pas d’accord. Il s’agit d’un choix important. Donc, c’est important de ne pas voter n’importe comment.
Je dis : si on ne se sent pas compétent, si on n’a pas eu le temps de bien choisir le meilleur candidat… mieux vaut ne pas voter. Dans ce cas, j’estime que voter devrait être considéré comme incivique, immoral. Et même voter sur une base légère, à la tête du client, c’est pas sérieux. Voter un tel parce qu’il a une bonne tête, un beau sourire… Tous les escrocs ont une bonne tête et un beau sourire… sans quoi ce ne seraient pas des escrocs…

Histoire d’enfoncer un peu le clou, je serais volontiers pour un système (bon, ce serait sans doute délicat à mettre en place) où seules pourraient voter ceux qui se sont bien renseigné avant. On pourrait faire un test de connaissance sur les programmes, par exemple.

Tous équivalents !

Autre cas, où je suis favorable à l’abstention, c’est si, après avoir bien pesé le pour et le contre de chaque candidat, on juge qu’ils se valent tous, qu’aucun ne se dégage en bien ou en mal. Dans ce cas, le mieux est en effet de ne pas voter pour l’un d’entre eux…
Sauf qu’il faut se méfier de la tendance simplificatrice, paresseuse, consistant à les mettre tous, un peu hâtivement, dans le même sac...

Donc, je résume, voter se justifie, surtout s’il s’agit d’attribuer des pouvoirs importants (ce qui est le cas de l’élection présidentielle française actuelle), mais ce qui est important n’est pas le fait de mettre un bulletin dans l’urne, c’est de bien choisir son candidat.

Et c’est ce que nous allons voir maintenant : « comment bien le choisir ? ».

Pour qui voter ?

On élit une personne, pas un programme !

Nous avons vu que ce choix devait être fait avec soin, rationnellement, et non pas de façon superficielle.
Il s’agit donc de ne pas s’arrêter aux apparences, comme on l’a vu, et bien sûr à ce que les candidats disent d’eux mêmes. Il faut les juger sur leurs actes, leur comportement. Et quand je dis « leurs actes », pas besoin qu’ils aient déjà été au pouvoir, ce peut être leur comportement en tant que candidat, que personnalité politique dans l’opposition.
On élit des personnes, pas un programme.
Il n’est pas question, non plus, de s’arrêter à leur programme.
Car non, nous ne choisissons pas un programme, mais bien une personne, qu’on le veuille ou non. Car, si l’élu de suit pas son programme, nous n’avons actuellement aucun recours (je suis bien sûr pour un système où l’on voterait pour un programme, où l’on aurait un recours contre un mandataire infidèle à sa parole, comme en ucratie… mais le fait est qu’il n’en est pas ainsi pour le moment, et que l’on doit faire avec la réalité présente (ce qui ne nous empêche pas d’agir pour changer ça, comme déjà dit...)
Bref, il s’agit de juger des personnes, choses que je condamne souvent dans le cadre d’un débat d’idées, mais la situation ici est différente. Il s’agit bel et bien de choisir un candidat pour un poste, comme lors d’un recrutement.
Le programme est d’autant moins représentatif, qu’il est souvent arrangé pour séduire les gens. Mieux vaut détecter la sensibilité véritable de la personne, par delà les belles paroles.
Le programme a son importance toutefois, car un candidat a plus de chances de mettre en œuvre son propre programme que celui de son adversaire. Mais aussi, indirectement, comme un *moyen de juger le candidat (par la pertinence ou la cohérence des mesures qu’il propose).

Trois critères

Avant d’aborder la question plus spécifique de savoir quel choix de candidat va être le plus favorable au genre d’évolution que je souhaite personnellement (à savoir, la mise en place d’un système radicalement meilleur), j’évoquerai deux critères, qui me semble particulièrement importants pour tout le monde, dans le choix d’un candidat à la présidentielle.

Tout d’abord, concernant un danger spécifique à la présidentielle : du fait de l’importance des pouvoirs attribués au Président de la République, il y a toujours un risque que cette personne ne fasse en sorte de renforcer et de perpétuer son pouvoir… nous faisant ainsi passer d’une oligarchie élective à une autocratie (plus du tout élective). C’est malheureusement une réalité bien banale dans le monde, même si ça ne s’est plus produit depuis longtemps en France, d’où l’importance de rester vigilant.

Ensuite, nous devons veiller également à ne pas élire une personne trop « stupide », qui par l’irresponsabilité de ses décisions, pourraient induire une situation désagréable pour tout le monde.

Éviter les dictateurs potentiels !

Et commençons donc par le premier point. À savoir : Comment évaluer le risque qu’un candidat élu puisse se transformer en dictateur. Au vu de son comportement dont son discours fait partie.

Un indice fort pour cela me semble être l’usage d’un type de manipulation particulier. À savoir, a dramatisation par le candidat de la situation présente, de façon à apparaître comme une sorte de sauveur.
Bien sûr, il faut être précis dans notre analyse. Et on va me dire, que si la situation est bel et bien dramatique, il n’y a pas de mal à ce qu’un candidat prenne des mesure pour l’améliorer. L’élément déterminant dans notre jugement doit donc porter sur deux points : la réalité du caractère dramatique évoqué d’une part, et dans une moindre mesure, l’efficacité des solutions qu’il propose.

Sérénité et non-diabolisation

Pour illustrer mon propos, je vais prendre l’exemple d’un des deux candidats actuellement en lice. Notez que j’emploie le masculin indifférencié, puisqu’il s’agit en l’occurrence d’une candidate.
Alors, petite précision préalable. Comme vous le savez, cette candidate, en tout cas, ses idées et son parti, sont plutôt clivants, certains étant à fond pour et d’autre à fond contre. Donc, je voudrais rappeler que la démarche rationnelle exige un minimum de sérénité et d’humilité intellectuelle. Qu’il est important de ne pas prendre *violemment et hâtivement parti (d’un côté comme de l’autre) et surtout de rester ouvert à toute remise en cause de ses opinions (sur la base d’une analyse rigoureuse). Et c’est bien là, d’ailleurs un problème des sujets politiques en général.

Par ailleurs, ce parti fait souvent l’objet d’une diabolisation. C’est là une attitude que je ne soutiens pas. Ma démarche consiste à juger sereinement et précisément les candidats sur la base des faits et de la logique...
Donc, aucune diabolisation de ma part.

L’affaire de la viande hallal

Comme vous le savez, Mme Le Pen et son parti dénoncent une situation d’invasion migratoire et d’islamisation de la France.
Et c’est sans doute de là, qu’ils tire l’essentiel de leur succès. Il est vrai qu’il y a réellement un phénomène d’immigration, dû, pour faire vite, aux inégalités de conditions entre les différents pays.
Et donc, ce qui va nous importer ici, est de faire la différence entre une juste prise en charge d’un problème réel et une dramatisation manifestement manipulatoire. Et pour ça, il nous suffit de trouver un exemple, dans le comportement de Mme Le Pen, où sa réaction serait manifestement injustifiée rationnellement.
Et je vais prendre l’exemple de l’affaire de la viande hallal qui a eu lieu il y a cinq ans, après qu’un reportage d’envoyé spécial ait révélé que les abattoirs d’île de France, pour des raisons d’économie abattaient toutes les bêtes selon le rituel islamique, en n’en étiquetant qu’une partie comme hallal. Ça leur revenait moins cher que de faire deux filières différentes.
Or, il est clair que si l’on n’est pas musulman, toutes choses égales par ailleurs, on se fiche de savoir si les bêtes qu’on mange ont été abattues selon le rite islamique ou pas. Si l’on veut qu’elles ne soient pas abattues selon ce rite, juste parce que c’est le rite musulman, appartiendrait, en quelque sorte à une religion particulière, qu’on pourrait appeler l’anti-islam… Et qui serait tout aussi irrationnel à mon avis (que l’islam)… Donc, il n’y a aucune tromperie sur la marchandise, aucun mensonge. On n’a pas fait pas manger au consommateur de la viande hallal à son insu, puisqu’il n’était pas mentionné sur les emballages : « viande non hallal »...
Or, Mme Le Pen s’était illustré à ce moment là, en dénonçant violemment la chose et en se présentant comme la seule personne qui allait pouvoir nous sauver :

Ce que je veux démontrer, c'est que l'on ment aux Français, on vit dans une République d'opacité*", selon elle. "Si je n'étais pas là pour porter ces sujets essentiels sur la place publique, personne ne le ferait".
(Marine Le Pen, mars 2012)

À l’époque, beaucoup ont contesté le fait que toute la viande distribuée en île de France était hallal, mais là n’est pas le problème.
D’autres, et Mme Le Pen, ont invoqué des considérations sanitaires ou de compassion (relativement à la souffrance animal), mais il ne faut pas tout mélanger… Si certains souhaitent que les animaux qu’ils mangent soient abattus d’une autre façon, que ce soit pour des considérations religieuses, sanitaires ou compassionnelle, il est en effet souhaitable qu’il y ait une transparence à ce niveaux, mais c’est un autre problème.
Le problème ici, (je ne dis pas que ça ne soit ps le cas ailleurs), n’est pas un problème islamisation de la France, contrairement à ce que, bien sûr, laisse entendre Marine Le Pen, ne serait-ce que par son agitation à ce moment là, quand on sait quel est son principal fond de commerce électoral.

On a donc bien là, un exemple de ce que j’évoquais tout à l’heure : à savoir la dénonciation d’un faux problème. Soit, Marine Le Pen recours sciemment là à une manipulation typique d’un dictateur potentiel, soit elle est stupide. Mais il y a bien là un point à prendre en compte négativement pour ce qui la concerne en tant que candidate. Je ne suis pas en train de dire qu’il ne faut pas voter pour elle, que ses soutiens se rassurent, je dis juste qu’il y a là un point défavorable. Étant entendu que pour faire son choix électoral, il faut évidemment peser le pour et le contre globalement.

La question de l’immigration

On peut trouver d’ailleurs d’autres cas d’une telle dramatisation. Par exemple, en ce qui concerne l’immigration, à entendre le FN, les autorités actuelles serait particulièrement laxistes. Or, c’est un fait que l’immigration légale a été limitée, et que donc, les illégaux sont interdit d’accès sur le territoire français. Cela ne signifie pas qu’il n’y en ait pas, puisque l’on ne peut pas placer un gendarme sur chaque décamètre de frontière. Mais plein de migrants sont bloqués aux frontières. Et la situation actuelle, c’est que des gens sont inculpés pour délit de solidarité, d’humanité… qui ont aidé des migrants à traverser les frontières.
Quant à la cause de l’immigration avancée par le FN, à savoir que ce seraient les aides sociales qui joueraient le rôle de pompe aspirante, elle me semble ne pas correspondre à la réalité pour une raison bien simple. Ces aides sont réservés aux immigrants qui sont non seulemnet légaux (donc pas à ceux qui viennent sans accord préableà, et même pour les légaux, il faut généralement plusieurs années de résidence préalable, au minimum. La pompe aspirante de l’immigration clandestine est tout naturellement les patrons qui embauchent illégalement cette main d’oeuvre. Puisque c’est seulement comme cela que ces immigrés peuvent vivre.
Il s’agit typiquement des petits patrons, donc, ceux que le FN et les partis de droite en général, ont plutôt tendance à chouchouter… Donc, là, encore, les propositions faites par cette candidates ne sont peut-être pas les plus pertinentes qui soient…
Et si on veut réellement résoudre ce problème, sans tomber pour autant dans une société ultra-répressive type 1984, une dictature, la solution serait plutôt d’agir sur ses causes, par exemple, en sortant du système d’économie de marché…
Or, ce n’est visiblement à l’ordre du jour du FN, évidemment.
e ce parti, qui a, je le rappelle, voté pour la directive sur le secret des affaires (celle qui protège les magouilles des multinationales). On a bien affaire à un parti capitaliste (comme la plupart des partis, cela dit), puisqu’il faut juger je le rappelle sur les actes, et non pas se fier aux belles paroles.

La mesure anti-voile

Pour donner maintenant un exemple de risque de comportement irresponsable, stupide, je prendrais juste une des mesures proposée par le front national, qui paraît assez anodine, voir séduisante, en particulier pour les gens qui comme moi, sont plutôt laïques voire très critiques vis à vis des religions existantes. À savoir l’interdiction des signes religieux ostentatoires dans l’espace publique.

Un bon chef d’État doit bien réfléchir aux conséquences de ses décisions en prenant en compte, en particulier, la réalité humaine.

Une drôle de laïcité...

De fait, cette interdiction vise les musulmans, car, et Marine Le Pen a pris soin de le préciser, elle ne concerne pas le port d’une croix en pendentif, mais seulement des signes bien visibles, comme… un voile sur la tête, au hasard.
Le fait de se draper du voile neutre de la laïcité, comme elle le fait, dont on va voir à quel point c’est absurde ici, est clairement une stratégie d’auto-dédiabiolisation, si je puis m’exprimer ainsi, car, cette mesure va signifier que les bonnes sœurs ne pourront plus sortir de leur couvent, sauf découverte, se dont on se doute bien, que ça ne saurait être un souhait de la part d’un parti d’extrême droite (c’est à dire plutôt conservateur).

Alors, tout d’abord, oui, ça n’a rien à voir avec la laïcité. Celle-ci consiste à séparer l’État des questions religieuses. Elle assure à tout croyant le libre exercice de sa pratique religieuse, y compris du prosélytisme, d’ailleurs. C’est cela la laïcité, à ne pas confondre avec l’anticléricalisme…
Il serait bon, ici, de rappeler les articles 10 et 11 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

« Article 10. - Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ». « Article 11. - La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi »

Et en effet, j’estime important que quiconque le souhaite puisse communiquer à autrui tout le bien qu’il pense de sa religion. À la condition qu’on puisse tout aussi librement communiquer à autrui tout le mal que l’on pense de telle ou telle religion… Si l’on s’en prend à cette liberté, comme beaucoup le font en diabolisant le prosélytisme, c’est alors qu’on glisse sur une pente sectaire et totalitaire… Ce que je souhaite pas personnellement.
Le problème, c’est seulement lorsqu’il y a nuisance effective à autrui. S’il y a harcèlement, là, d’accord.
Et il faut être précis sur ce point, pour éviter le phénomène de la pente glissante : pouvant conduire à interdire trop de choses (en prétextant que ce serait le début de la fin, si on autorise ceci ou cela). La limite sur ce que l’on peut faire ou pas doit être claire. Ainsi, il semble évident que la façon dont on s’habille ne devrait pas constituer une nuisance à autrui, car il est humainement facile de détourner son regard. C’est déjà différent pour une nuisance sonore, car on ne peut pas détourner son ouïe. On peut fermer les yeux, pas les oreilles, c’est physiologique.

De plus, la principale raison du port du voile par les personnes concernées n’est même pas le prosélytisme. Pour beaucoup de musulmans, le port du voile, est une prescription religieuse, cela fait partie de leur pratique… Pour d’autres, ce peut être juste une habitude culturelle… D’où le problème de liberté religieuse que pose cette mesure.
Si les interdiction actuelles, me semblent justifiée (pour des raisons de sécurité, à propos de voile intégrale dans la rue, et de laïcité, à l’école), ce n’est clairement pas le cas de cette mesure proposée par le Front National.

Mais il y a bien pire.

Pour une France apaisée ?

Car ce port correspond non seulement à une prescription religieuse, mais aussi à une tradition, un trait culturelle pour certains, bref, il risquent d’en faire une part de leur identité… Donc, beaucoup risquent d’y être attachés pour cette raison, et de s’y attacher d’autant plus qu’ils se sentiraient stigmatisés par cette mesure. Bref, une telle mesure a toutes les chances de renforcer le communautarisme. Si l’on connaît un peu l’humain, si l’on est réaliste.
Non seulement beaucoup de musulmans fondamentalistes vont continuer de le porter, par défis, mais d’autres moins fondamentalistes risquent de les rejoindre, et je soupçonne même certaines gauchistes de s’adonner à se sport…
Vous imaginez le travail pour les forces de l’ordre, qui, bien sûr, n’ont rien de mieux à faire…
Bien entendu, certaines interpellations risquent de mal se passer… et là… comme on a déjà pu le constater pour bien moins… émeutes… mais vraiment généralisées, là, du coup...
Je ne soutiens pas ces attitudes, bravaches, identitaires, bien sûr, mais on ne va pas changer l’humain de jour au lendemain…
Et l’on voit, que de fil en aiguille, la violence va croître, et qu’on risque rapidement de se retrouver… en pleine guerre civile. C’est carrément dangereux, ça. Or, un bon chef d’État, doit savoir anticiper, prévoir ce genre de choses. Là encore, clairement, on voit qu’un des deux candidats actuels présente un réel danger, si du moins l’on aspire à une France apaisée...

Histoire d’être dans le constructif, je dirais que plutôt que s’en prendre à un symptôme qui ne constitue pas un réel problème en lui-même, mieux vaudrait s’attaquer aux sources du problème, à savoir la violence. Donc, oui, que la police et la justice répriment mieux la violence, et elles auraient sacrément de quoi s’occuper, là ! Et que l’éducation fasse son rôle préventif, surtout. Y compris en s’attaquant aux sources de violence au sein des religions, je veux bien…
En s’en prenant clairement à la violence, et non pas à une communauté, les mesures prises seraient mieux acceptées, et plus d’être bien plus efficaces…

Un minimum de cohérence

Un autre point important généraliste dans le choix d’un président est la cohérence.
On a là, un candidat qui prône la transparence (pour la viande hallal), tout en refusant de se présenter devant la justice (avant l’élection) pour les affaires d’emploi fictif le concernant (affaires où il y a bien enrichissement personnel, puisqu’on parle de salaires, et non pas de frais de campagne). Candidat qui prétend combattre le communautarisme, alors que ces mesures sont de nature à le raviver. Et l’on pourrait dire aussi, si l’on y réfléchit bien, que ce candidat est lui-même communautariste… Un candidat qui nous promet une France apaisée, et dont on vient de voir où pourrait nous conduire sa politique...

Donc, je ne diabolise personne, j’argumente. Je ne parle nulle part de valeurs, j’expose des faits et des analyses objectives. Je ne rentre pas dans la question de savoir s’il faut freiner ou pas l’immigration, l’islam... tout ça... tous les candidats sont plutôt pour limiter ces phénomènes, je me suis contenté de montrer une certaine contre-productivité de certaines mesures, révélatrices de la personnalité d’un candidat, en rapport avec l’opportunité de lui confier la gestion du pays… ou pas !

Vous avez dit "système" ?

Si quelqu’un veut faire de même avec l’autre candidat, je veux bien, mais je n’ai pas trouvé de choses aussi préoccupantes, du moins sur les questions de compétence ou de totalitarisme.

Il est vrai que Mr Macron est souvent diabolisé ces derniers temps comme le représentant d’un système, mais ce qu’il faut voir ce sont les faits. Le fait d’avoir travaillé dans une banque ne fait pas forcément de vous quelqu’un au service des banquiers.
Et c’est quoi, ce « système », dont on parle au juste ? Parle-t-on du système économique ? Mais tous les candidats sont partisans de ce système, à savoir l’économie capitaliste de marché, les deux encore en liste, en tout cas. Du système politique, l’oligarchie élective, favorisant la démagogie ? Pareil, et on vient de voir à quel points Mme Le Pen s’inscrit plus assurément dans ce système que son concurrent. D’un complot judéo-maçonique de banquiers apatrides ? Bon, on va rester sérieux cinq minutes. Tant que l’on ne précise pas clairement les choses, avec preuves à l’appui, l’argument du « je suis anti-système » est clairement un argument manipulatoire démagogique.

Si conspirations il y a, et je ne nie pas qu’il puisse y en avoir, elles sont motivées par l’appât du gain, et du pouvoirs, mais qu’elle est la cause de ces gain et pouvoir, voilà la vrai question, la vraie source du mal. Et c’est, selon moi, le système économique, surtout, politique accessoirement. Ce que je propose de modifier, donc, pour ma part.

Un libéral ou un conservateur ?

Vu qu’aucun candidat ne propose de modifier cela, radicalement, quels critères prendre en compte dans ce cas, sur cette question, pour quelqu’un qui, comme moi, aspire à une alternative au capitalisme, en vue d’une société sensiblement plus juste, fraternelle et durable.
Deux choses.
Je dirais qu’un candidat moins idéologiquement violent, anti-gauchiste primaire est préférable, pour qu’on ait une certaine liberté de propager et d’expérimenter nos idées. Ce point est clairement favorable à un candidat plus à gauche. On sait que l’extrême droite a toujours été intolérante eu égard aux « gauchistes », que leur mesure « socialisantes » sont essentiellement une façon de glaner des voix dans les milieux ouvriers, et n’ont jamais correspondu à la réalité. Il ne faut pas perdre de vue que le conservatisme est le principal important au progrès.

Un bon ou un mauvais gestionnaire ?

Ensuite on peut se poser la question s’il vaut mieux un candidat compétent qui va bien gérer le système actuel (l’économie de marché), ou au contraire, un candidat incompétent dans ce domaine qui va aggraver la misère et le chaos.
Certains, avec certes un certain cynisme, peuvent en effet arguer que ce dernier cas serait plus favorable à une révolution.
Mais c’est un peu jouer avec le feu, car rien ne dit qu’une révolution débouche sur du mieux. On a souvent tendance à dramatiser les choses, à nous croire dans le pire des mondes possibles, mais il n’en est rien, les choses peuvent toujours être pire. Et là, il est bon de regarder de temps en temps hors de l’hexagone et/ou vers les siècles passés.
Je pense que pour une révolution positive, un moindre chaos est préférable, car une telle révolution nécessite un minimum de sérénité et d’altruisme. Or, ce ne sont pas les dispositions les plus favorisées par une situation chaotiques.
Je pencherais donc plutôt pour un président gérant au mieux le système actuel (le capitalisme de marché), tout en sachant bien que la situation restera très problématique, avec beaucoup de misères et d’injustice, et qu’il y aura donc toujours de la motivation pour améliorer les choses. Cela nous laisse le temps d’œuvrer à la conception et à l’expérimentation à petite échelle d’une société meilleure, de façon à ce que l’on soit prêt à la proposer, avec succès, à l’occasion, pourquoi pas, d’une prochaine élection. Car une alternative imposée prématurément, risque fort d’échouer, ce serait plutôt contre-productif.

Conclusion

Donc, voilà, c’étaient mes quelques réflexions pour une démarche rationnelle en matière d’élection présidentielle.
Et à tous ceux qui cherchent un réel projet de société auquel voter par adhésion, je ne peux que recommander mes autres vidéos, concernant, par exemple, l’ucratie ou l’épum, puisque bien entendu, il y a bien plus utile à faire, politiquement, que voter...

DP (10-12-2015)

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