Eudémocratie signifie étymologiquement à la fois « bonne démocratie » et « le pouvoir au bonheur » *.
Le terme "démocratie" lui-même doit être compris ici dans son sens initial, étymologique. Ainsi, il n'est pas question, a priori, de voter à la majorité, et encore moins d'élire des personnes. Il est seulement question de conférer le pouvoir décisionnaire à l'ensemble des citoyens, par opposition à un sous-groupe (un despote ou une oligarchie).
Le bonheur dont il est question est celui de tout le monde, sur le long terme. De plus, il n'est pas fait d'hypothèse particulière quant à sa manifestation ou son origine. C'est uniquement le fait d'être heureux (le plus complètement possible).
A priori, une eudémocratie est une organisation sociale censée favoriser le plus grand bonheur possible de chacun.
Reste qu'au vu de l'état du monde en dépit de l'abondance de belles déclarations et de nobles intentions, il importe maintenant d'établir des principes permettant de s'approcher effectivement et sensiblement de ce « plus grand bonheur » !
Une cause de souffrance est l'imposition à quelqu'un d'une chose qui le répugne, et ce, d'autant plus que la répugnance est forte. S'interdire d'imposer quoi que ce soit serait utopique : va-t-on, sous ce prétexte, laisser l'assassin commettre son forfait ? Ce serait oublier que l'assassin impose quelque chose à autrui, de bien plus répugnant (en général) que l'interdiction de tuer : la mort !
On peut, par contre, permettre à chacun d'intervenir directement dans les décisions collectives (lesquels se traduisent généralement par l'établissement de règles de vies, limitant globalement les nuisances mutuelles). C'est là notion de démocratie... directe.
Le problème est qu'il y a souvent des dérives liées au pouvoir conféré aux personnes chargées de faire respecter les règles collectives.
Ainsi, en eudémocratie, non seulement tout pouvoir ne peut se justifier que pour permettre une bonne application des règles décidées collectivement, mais toute personne disposant d'un tel pouvoir sera autant que possible surveillée, pourra être démise de ses fonctions à tout moment, et sanctionnée pour ses fautes éventuelles...
De plus, en réduisant ainsi le pouvoir et en le rendant moins désirable, on réduit la soif de pouvoir... dont on peut constater les méfaits dans le monde actuel.
L'idée est également de garantir des choix collectifs conformes au « plus grand bonheur ». Mais que faut-il entendre par là ?
Le bonheur de tous les humains, tout d'abord : pas de discrimination (au sein d'une eudémocratie)...
Le bonheur sur le long terme, non limité au présent, ensuite, d'où une nécessaire prise en compte des problèmes écologiques...
Les sources de bonheur sont assez variables selon les individus. Il va donc de soi que ce sera à chacun d'établir ce qui fait son bonheur.
On peut penser, toutefois, que le bonheur passe, pour le plus grand nombre, par l'obtention d'un minimum de confort, et que l'obtention de ce minimum est plus importante qu'un accroissement de même amplitude au-delà de ce minimum.
On peut penser également que le bonheur résulte essentiellement d'une attitude intérieure, d'une façon de considérer les choses et d'agir.
Une eudémocratie devrait donc, typiquement, assurer en priorité des droits de base comme celui de pouvoir se nourrir convenablement, de disposer d'un logement, de vivre en sécurité etc., et promouvoir une philosophie du bonheur (ou plusieurs).
Pour le plus grand bonheur possible, la démocratie doit encore être efficace : les problèmes doivent être résolus rapidement sans que l'on ne s'égare dans des débats interminables ou des querelles de personnes.
Par ailleurs, les foules peuvent être facilement manipulées (d'où des décisions non conformes à notre objectif).
Pour limiter cela, il importe de développer l'esprit critique.
De plus, on pourra autoriser des veto argumentés sur la base du plus grand bonheur de chacun. D'où l'étymologie, le pouvoir (cratia) au bonheur (eudemon) (par opposition à la foule ou la majorité).
Enfin, pour que ce bonheur soit durable, il importe de veiller à ce que les concepts véhiculés par le mode d'organisation n'induisent pas des comportements qui pourraient induire de la souffrance : l'organisation doit être pensée en prenant en compte son influence sur la psychologie humaine. Nos pensées, intentions et comportements, en effet, ne sont pas entièrement programmées par une nature innée, et sont fortement influencés par notre vécu.
Voici donc quelques principes clairs qui nous semblent nécessaires pour un maximum de bien-être au sein d'une société.
Ce ne sont pas des commandements, mais des gardes-fous pouvant toujours être discutés en vue du plus grand bonheur. Mais faute d'une telle discussion démocratique préalable, rien qui ne respecte pas ces principes ne peut aujourd'hui se revendiquer légitimement de l'eudémocratie (ceci, afin d'éviter que le concept ne soit galvaudé).
N'hésitez pas à me faire part de vos réactions, suggestions, interrogations, difficultés etc., ainsi que des fautes ou problèmes techniques que vous auriez rencontrés...
Pour toute citation ou reproduction de textes de ce site, non destinée à un usage strictement personnel, merci de :