Système de prise de décision se fondant autant que possible sur le bien commun défini comme le plus grand bonheur équitable possible de tous (par opposition à l'avis de personnes particulières : des chefs ou une majorité).
Concrètement, tout un chacun peut proposer à tout moment une solution, mesure, action, modification etc. Celle-ci est retenue si (et seulement si) elle est « meilleure » que les autres dans le sens suivant : si le plus faible niveau de bien-être individuel (une souffrance étant un bien-être négatif) qui résulterait le plus probablement de son application est supérieur à celui qui résulterait de l'inaction et de toute autre proposition déjà faite. S'il y a égalité (à l'incertitude près) par rapport à la meilleure option précédente, la comparaison est effectuée avec le plus faible niveau de bien-être individuel suivant, et ainsi de suite.
La détermination de cette supériorité doit bien sûr être argumentée, de même que toute objection.
Les argumentations doivent être rationnelles : fondées sur l'expérience, les théories ayant fait la preuve de leur efficacité (pour les prédictions) etc. Typiquement, l'évaluation d'un bien-être individuel sera faite par la personne concernée.
Étant fait par des humains, le travail d'évaluation lui-même doit être pris en compte (dans les estimations), de sorte que l'on ne recourra à une évaluation poussée et laborieuse que si l'enjeu de la décision le justifie. Toute évaluation, en effet, comporte un risque d'erreur, qui se réduit avec l'importance du travail qu'on y consacre (enquêtes, mesures, calculs, discussions etc.)
Dans les cas où cette procédure s’avérerait insuffisante (en particulier pour des décisions urgentes et pas trop importantes), la règle de la majorité pourra être adoptée, avec d'éventuelles pondérations prenant en compte les niveaux d'implication (dans les effets de la décision), de compétence etc.
Pour des raisons d'efficacité pratique, la responsabilité d'une prise de décision donnée pourra être attribuée à un jury (tiré au sort, avec éventuellement les compétences nécessaires), étant entendu que l'activité de ce jury pourra être surveillée en permanence et ses décisions contestées par n'importe quel citoyen (respectant les règles vues précédemment).
En fin de compte, ce serait bien l'ensemble des citoyens qui aurait le pouvoir, puisque tout attributaire d'une fonction exécutive, législative ou judiciaire pourra être contrôlé par tout le monde.
Cela serait possible grâce à la référence éthique commune que nous venons d'exposer, mais aussi grâce aux moyens de communication modernes. Il n'y aurait plus de pouvoir discrétionnaire.
Sur le plan économique, une automatisation de cette procédure est possible (et souhaitable !) :
Chacun indique son estimation de ses propres niveaux de satisfaction pour les diverses activités de consommation et de production; puis, par un simple calcul prenant en compte les ressources disponibles, les compétences et les préférences des uns et des autres, est déterminée la nature des productions ainsi que la répartition du travail et de la consommation qui maximisent équitablement le bien-être (plus de précisions ici).
Chacun n'aura plus qu'à s'y conformer.
Est également pris en compte dans cette détermination, le bonheur des générations futures, via une limitation des consommations de ressources naturelles (par leur taux de renouvelabilité), ainsi qu'une limitation similaire des rejets (pollution).
La souffrance des êtres sensibles non humain pourra pareillement être prise en compte.
Tout cela est désormais possible grâce aux progrès de l'informatique...
Ce système est particulièrement juste, soutenable, solidaire et coopératif. Il y est difficile de manipuler autrui (à cause de la référence rationnelle et du grand nombre de contrôleurs potentiels). La vie y serait plus agréable pour l'immense majorité de la population (et resterait très agréable pour tout le monde) à cause de la plus grande efficacité économique (plus de biens pour moins de peine) mais aussi de la meilleure qualité des relations humaines (moins conflictuelles).
On peut s'attendre à une réduction drastique des principaux fléaux auxquels l'humanité est confrontée de nos jours (et depuis longtemps, d'ailleurs !) : les conflits, l'exploitation, l'oppression, l'injustice, la criminalité, la misère, les dégradations environnementales... en particulier, parce que les individus ne seraient plus préoccupés par des pouvoirs personnels (argent, possessions, statut hiérarchique etc.) tellement "désirables" que beaucoup en viennent à négliger le bien commun...
Ce système permettrait de réaliser enfin le fameux triptyque « liberté, égalité, fraternité ».
C'est évident pour l'égalité, qui doit être prise ici au sens d'équité, et non pas d'égalitarisme.
C'est évident pour la fraternité, qui consiste à agir ensemble en vue d'un objectif commun.
Ça peut sembler moins évident pour la liberté, car c'est un fait que dans ce système, le travail serait obligatoire pour quiconque souhaite bénéficier de ses avantages. D'où, d'ailleurs, le caractère "réaliste" de cette économie, dont la viabilité ne repose pas sur un pari concernant le niveau moyen de "bonté" ou de "vaillance" humaine...
Cependant, il ne faut pas perdre de vue que ce travail
1/ correspondrait typiquement aux choses que la personne préfère faire,
2/ qu'il serait considérablement réduit (en durée et pénibilité) grâce au bénéfice d'une collaboration à grande échelle et aux progrès techniques (mais aussi, par rapport au système actuel, par une réduction des gaspillages, d'activités inutiles, et une moindre incitation à la consommation) et
3/ qu'il ne serait pas difficile de l'effectuer non pas "par obligation" mais pour en avoir compris l'intérêt (qui serait préalablement expliqué à chacun).
Dans ce système, la liberté est la plus grande possible dans la mesure où le travail de production est une nécessité naturelle pour pouvoir consommer (ce n'est pas la société qui l'impose), et où tout écart par rapport aux productions et consommations ainsi attribuées à chacun y éloignerait de la répartition la plus juste et se ferait donc au détriment d'autrui.
La liberté s'y arrêterait réellement où commence celle d'autrui (conformément à l'article 4 de la déclaration des droits de l'homme).
Rappelons à tout hasard, que dans le système actuel, le travail est obligatoire, mais là, par contre, ce n'est pas particulièrement au service du bien commun (inégalités énormes, problèmes environnementaux...) De plus, si dans quelques pays privilégiés, l'obligation peut consister à chercher un « emploi », dans les autres, elle consiste à en avoir trouvé un, ce qui ne dépend pourtant pas que de la bonne volonté de la personne.... De plus, chaque travailleur doit se soumettre à la volonté d'autrui (chef de service, patron, client, actionnaires etc.) sans possibilité d'intervenir dans les décisions autrement qu'à titre consultatif.
Rappelons également que cette obligation d'esclavage (pour qui ne dispose pas d'un pécule important) est sanctionnée par la peine de mort par privation de nourriture… Les sanctions ne seraient évidemment pas aussi lourdes, dans ce que nous envisageons ici ! (et n'auront pas besoin d'être bien lourdes, du fait qu'il n'y aura plus de pouvoirs trop désirables, en particulier, d'argent...)
Bref, le progrès en terme de liberté serait donc bien, lui aussi, énorme.
N'hésitez pas à me faire part de vos réactions, suggestions, interrogations, difficultés etc., ainsi que des fautes ou problèmes techniques que vous auriez rencontrés...
Pour toute citation ou reproduction de textes de ce site, non destinée à un usage strictement personnel, merci de :